purple girl happy design graphique

Aujourd’hui, il est relativement accessible de communiquer autour de son activité. De nombreux supports de communication existent (réseaux sociaux, site web, presse, newsletter…), et nombreux sont les formats adaptés à vos envies, contenus et audiences (podcasts, images, vidéos, infographies, etc.)

Néanmoins, l’abondance de ces outils de communication peut s’avérer complexe ou déconcertant. Or, dans notre société contemporaine où l’image et la vidéo sont reines, il parait de plus en plus âpre d’ignorer, voir de refuser l’usage et la maîtrise de ces multiples moyens de communication, des plus traditionnels aux plus modernes.

Derrière ces multiples ramifications, le vaste monde de la communication n’a pas tellement évolué, il s’est surtout adapté. Différence fine pour souligner qu’au fond, les lois et règles qui le composent sont immuables et ne sont sujettes qu’à des applications et interprétations culturelles diverses.

C’est la vocation de cette série de quatre articles sur le design graphique. Si l’expérience et la pratique restent souveraines, prenez toutefois connaissance des diverses notions qui organisent et structurent le graphisme. Pour un usage personnel ou professionnel, le but étant de vous présenter une réflexion autour de la communication visuelle, pour en définitive, acquérir méthode et autonomie dans vos créations visuelles.

En effet si la création artistique reste quoi qu’il arrive centrale, difficile d’ignorer sa relation presque intrinsèque avec la communication. L’art se crée et se joue sur scène, tout en étant diffusé et figé intemporellement sur de fines tranches de papiers groupés. On ne conçoit pas de spectacle sans affiches, et c’est même l’un des apparats du théâtre les plus populaires. Avignon en été croule sous des montagnes d’encre contribuant au charme de son célèbre festival.

 

Sur les rues d’Avignon, on placarde tous en rond.

 

Le format papier connait encore de beaux jours, et compagnies et théâtres ont leur propre batterie d’outils : dossiers de présentation, plaquettes de diffusion, livrets de spectacle et de saison… Tant de supports qu’il faut concevoir, mettre en page et diffuser. Vaste sujet où nous commencerons par une approche globale autour du design graphique et de ses copieuses applications.

 

 

DU DESIGN AU DESIGN GRAPHIQUE, HISTOIRE ET DÉFINITION

NOTE

La multiplicité des termes entre graphisme, design, mise en forme ou conception peut rapidement être confuse. Tous sont néanmoins synonymes, et le design se pose en tronc commun des différentes branches de la conception.

 

À l’intérieur de cette grande famille que sont les « arts appliqués », on dénote plusieurs secteurs d’activités comme la mode (design textile), l’aménagement et le bâtiment (design d’espace, d’intérieur), le web (design d’interactivité), et la communication visuelle (design graphique). Niché dans le vocabulaire de ces nombreuses professions, le terme « design » se lie avec différents qualitatifs pour remplacer ou côtoyer les multiples intitulés d’un même métier. Encensé ou décrié, mot riche et vaste, il s’adapte et se diffuse au gré de nos évolutions sociétales.

Sa définition plurielle et l’usage du terme évoluant au fil des siècles font de sa naissance une véritable purge à retranscrire. C’est avec les fresques de Lascaux que débute l’origine du design graphique, mais c’est avec l’apparition de la typographie, puis la décoration de lettrines que l’on obtient les premières reconnaissances de cette discipline. L’ère industrielle, puis l’avènement de la publicité en 1945 apportent d’autres applications au sujet, et sa pratique s’enrichie et se spécialise. Le design commence dès lors progressivement son entrée dans notre vocabulaire courant, notamment par la notion de « design produit ». Par la suite, l’emploi du terme évolue pour recouvrir toute notion de conception, de mise en forme, ou de projet. Toutefois, il se distingue toujours du dessin artistique n’occupant ni la même fonction, ni le même dessein.

En constante évolution, le design est un sujet d’étude récurrent et nombreuses sont les théories ou analyses à son sujet. Ses effets sur le cerveau humain, son lien avec nos émotions ou l’apprentissage, la recherche du beau et du ludisme continuent de façonner notre rapport existant. Sur ce vaste sujet, je vous conseille le visionnage sur les « 3 façons qu’a le design de vous rendre heureux » (en anglais, sous-titré français), par Donald Norman, célèbre psychologue en science cognitive.

 

MÉTIERS ET APPLICATIONS DU DESIGN GRAPHIQUE

Si vos aspirations professionnelles vous amènent à côtoyer des professionnels du design graphique, vous pourriez être dérouté par leur vocabulaire souvent anglicisé et la variété des appellations présentes dans la profession. Trois domaines de compétences sont susceptibles d’être pertinents :

 

  • Le graphiste est le maitre d’œuvre d’une communication visuelle. À lui la charge de réaliser ou de respecter une charte graphique, tout en transmettant visuellement des informations ou un message. Avant tout communicant, il intègre dans son travail des réflexions stratégiques sur l’audience, l’identité de l’annonceur, les types de formats adéquats, etc.. Adepte des supports prints et numériques, il conçoit et met en forme des plaquettes, brochures, tracts, dossiers de presse, affiches, etc.. Travaillant bien souvent sur des outils de PAO (« publication assistée par ordinateur » – comme Illustrator, InDesign, ou Photoshop), son champ d’intervention est étendu, même s’il peut se spécialiser selon son secteur. Par exemple, un graphiste spécialisé en création de logo ne saurait être utile au monde de l’édition ou de la presse, recherchant bien plus de compétences en maquettes ou impression.

 

  • L’illustrateur est dans une démarche bien plus artistique. Il dessine et met en image un texte, une idée ou un concept. On le retrouve dans les mondes de la presse (couverture de magazine, illustration satirique, etc.), de l’édition (pochettes d’album, jeunesse, couverture de livres, bande dessinée…), du loisir et du divertissement (jeux vidéo, jeu de société, films, animations…), ou enfin dans les secteurs techniques, scientifiques, ou publicitaires. L’illustration, du point de vue de l’illustrateur, n’est pas une création ou un agencement d’éléments graphiques. C’est au départ un croquis, dessiné principalement selon une technique de « digital painting ». Travaillant à l’aide d’une tablette graphique, et généralement sur Photoshop, son champ d’intervention est très vaste et il peut se spécialiser dans un domaine ou dans un style.

 

Pour souligner la différence entre graphiste et illustrateur, observez ces deux visuels. À gauche, on repère facilement les jeux de textures, le choix d’une couleur dominante, et l’aspect couronne réutilisé dans chacune des formes. Tandis qu’à droite, le tracé est bien plus original, personnel, et artistique. On doit cette création à l’illustrateur Lino !

 

  • Le webdesigner officie sur des supports digitaux (sites web, logiciels, applications mobiles…) Il configure la taille, le placement, et la couleur des éléments graphiques. Il intègre photos et autres illustrations, et choisit des icones adaptées à la charte graphique (qu’il peut également créer le cas échéant). Il conçoit des esquisses et des maquettes de prévisualisation tout en intégrant des notions importantes de communication numérique : l’ergonomie, l’identité visuelle et sonore, les modes de navigation, l’arborescence, l’accessibilité, la hiérarchie et l’animation des éléments, etc. À l’instar du graphiste, son activité est encadrée par des réflexions stratégiques. Comme de nombreux métiers du numérique, le webdesigner est une profession transverse englobant de nombreuses compétences. Un développeur, un intégrateur, ou un webmaster ont des compétences similaires, tout en restant souvent spécialiste d’un domaine précis. Et si de fait, vous laissez un webdesigner en roue libre avec un budget illimité, vous arriverez bien souvent à des projets très fantaisistes. Son domaine d’excellence est sa maitrise en design d’interactivité, plus communément appelé « UX / UI design » (pour « User Experience » et « User Interface »). À l’aise avec différents langages web (Html, CSS, Javascript), il s’adapte aux divers outils de création de site web (CMS, Framework, Adobe Muse, XD, Dreamweaver, etc.)

 

Soulignons enfin le domaine de l’animation graphique, qui est l’apanage du motion designer. Opérant bien souvent sur Adobe After Effect, ou le logiciel Maya d’Autodesk, il élabore des storyboards, conçoit des animations 2D-3D, des effets spéciaux, gère le montage, travail l’environnement sonore, etc.. À la fois artiste et technicien, capable d’endosser la casquette d’un scénariste, la pratique du motion designer est complexe recouvrant différents domaines de compétences. Pour saisir au mieux cette discipline, je vous invite au visionnage du célèbre court-métrage « Logorama », produit par le collectif Français H5, et notamment primé Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2010.

 

L’inspiration du créatif, outre ses dispositions innées, se nourrit via sa culture artistique, et par sa veille constante sur l’actualité et les créations d’aujourd’hui. Le design graphique est soumis à des effets de mode, qui revenant de façon cyclique s’adaptent aux nouveaux formats, outils, et supports de communication. Le simple fait de retracer l’évolution des styles en peinture suffit pour trouver foules d’applications graphiques différentes. Vous pouvez souhaiter des visuels inspirés du pointillisme, du surréalisme, du fauvisme, du cubisme, etc…

 

 

Soyons bien d’accord que le trait d’un dessinateur/illustrateur lui est unique (et non reproduisible), mais qu’il peut s’inscrire dans un courant artistique propre. Trouvez vos envies en visitant le psychédélisme des années 60/70, l’univers rétro des années 20/30, ou des imaginaires futuristes, steampunk, et bien d’autres encore. Usez des codes en vigueur (l’aspect « grain » pour le Pop Art, l’encrage épais pour le Comics, les tons sépia pour le Vintage…) et détournez, mélangez les styles entre eux. Explorez d’autres disciplines comme l’architecture, la photographie, ou le cinéma pour enrichir votre imaginaire et percevoir l’application d’un style ou d’une mode par différents médiums.

 

 

Le digital inspirera de nouvelles tendances, notamment par la création d’interfaces pensées et conçues pour nos écrans d’ordinateurs et de smartphones. Les visuels deviennent de plus en plus minimalistes, mû par cette volonté de clarté et de lisibilité. Par exemple, nos applications mobiles sont principalement toutes réalisées en « material design », un ensemble de règles proposées par Google mettant l’accent sur des effets de profondeur et de mouvement. À l’inverse, Microsoft utilise ses propres codes de « flat design », avec des couleurs présentées par aplats, des formes simples, sans ombres, ou reliefs. Enfin, Apple réalisait ses premiers produits avec un design « skeuomorphisme », soit une reproduction réaliste ou ornementale d’un objet : une corbeille évoquant une corbeille réelle (accompagnée d’un son de papier froissé lors de la suppression d’un fichier), ou une texture façon cuir pour afficher un carnet de contact, etc. Voici un petit article, si vous souhaitez plusieurs exemples visuels de ces évolutions.

 

 

Outre l’arrivée de ces nouveaux formats de communication, le digital souffle un renouveau créatif par l’émergence d’outils et d’objets numériques : Photoshop, SketchBook, les tablettes graphiques, etc. Différents styles font leur apparition comme le « line art », uniquement composé de lignes, le « doodle art », pour un aspect plus dessiné à la main et gribouillé, le « low poly », construit seulement avec des formes géométriques, le « pixel art », qui tire son origine des premiers jeux vidéos, ou encore le « cutout art » (ou kirigami art) qui imite une superposition de papier découpés.

 

À gauche, une affiche dans un style doodle. À droite, une affiche dans un style cutout.

 

Ici, deux affiches pouvant s’apparenter indirectement avec style low-poly et line-art. La première, de l’illustrateur Riccardo Guasco, est assez proche visuellement des travaux du peintre futuriste Fortunato Depero, et bénéficie même d’une version animée. La seconde avec son jeu de fils tressés soutient habilement le propos du spectacle « Poétique Ensemble » ; chaque fil créant collectivement une des lettres de l’ensemble.

 

Sans oublier l’usage majoritaire de photographies et d’illustrations, ou de choix graphiques dominants comme des jeux de couleurs monochromatiques, ou de typographies uniques. Bref, quelle entreprise vaine que de vouloir dresser une liste exhaustive des différents styles ! L’affiche de théâtre est une source inépuisable de créativité et d’expression, jusqu’à même trouver sa place entre les pages d’un livre, avec le recueil « Presenting Shakespeare – 1,100 Posters From Around The World », un florilège de visuels artistiques démontrant toute la pluralité et l’étendue d’une rencontre entre théâtre et design graphique.

 

IMAGINER ET CONCEVOIR UN DESIGN GRAPHIQUE

Dans la théorie, le design graphique obéit à une commande et répond à un besoin. Un besoin de promotion, d’information, d’instruire, ou de communiquer, tout simplement. En ce sens, c’est une discipline consistant à créer, choisir, et agencer des éléments graphiques (couleurs, photos, formes, typographies, etc..) Chaque élément peut être symbolique, s’intégrant dans une stratégie de communication, et employé à transmettre un message.

Le design est de fait le résultat d’un long processus, que l’on appelle communément le « design thinking ». Cette méthode de création se base sur un principe simple, qui consiste à d’abord envisager le plus large spectre de solutions possibles à un problème, pour ensuite progressivement converger vers la meilleure, tout en conciliant les attentes des utilisateurs et les différentes contraintes possibles.

Cette méthodologie souffre toutefois de visions multiples, ou différents auteurs et penseurs ajoutent continuellement leur brin d’herbe à l’édifice. On retiendra cependant trois grandes étapes successives :

  • Une première phase d’inspiration, qui consiste à collecter un maximum d’informations relatives au problème posé, et issues de toutes les sources possibles.
  • Une deuxième phase d’idéation, durant laquelle ces informations sont traduites en solutions possibles au problème posé.
  • Une troisième phase de réalisation, durant laquelle les idées retenues sont rédigées sous la forme de plans d’actions.

 

Le Design Squiggle de Daniel Newman est une illustration simple de ce processus. Il commence à gauche par l’incertitude et le désordre, et se termine à droite par une seule solution conçue.

Le design est une affaire de personnalité, d’émotions et d’usage. Et en définitive, c’est surtout un joyeux bordel où se bousculent différents codes, styles, métiers et fonctions. C’est un sujet riche et complexe qui s’apprend et se découvre progressivement. Pour enrichir votre vision de ce domaine, vous pouvez toujours chiller devant la série Abstract – L’art du design, présentée sur Netflix. En attendant de notre côté, nous enchaînons sur les règles de composition issues du design graphique, en abordant ses principes, l’usage de grille et des lois de la Gestalt !

 

Benjamin Profil édito BouletCorp

ÉCRIT PAR : Benjamin

Double parcours en communication et théâtre, je passe mon temps à étudier et à produire des contenus pour Parlons Théâtre. On peut se croiser à la bibliothèque, au théâtre, ou autour d’un verre.

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