Artisan de l’ombre d’humeur variable quoique inventive, les régisseurs sont la clé de voûte des dispositifs scéniques. À eux la charge des machineries, des éclairages, de la sonorisation, et de la scénographie tout en combinant recherche esthétique et sécurité.
Alors après notre petit lexique pour théâtreux débutants, passons maintenant au vocabulaire de nos charmants techos sans doute occupés à râler sur la scèno impossible de tel spectacle ou les démontages de l’extrême à 1h du mat’
Cintres
Désigne l’espace compris entre le haut de la scène et le gril. C’est l’endroit où sont situés les porteuses, les guindes et les passerelles. En générale sa hauteur est identique à l’ouverture du cadre de scène (soit le cadre qui « ceinture » l’ouverture de la scène). Il peut donc s’étendre sur plusieurs étages. On appelle « cintrier », le technicien qui travaille dans les cintres.
Costières
Petites fentes horizontales dissimulées sous les planches de la scène. Des rails y sont disposés pour faciliter le transport et les changements de décors. Cet arrangement est surtout présent dans les théâtres à l’italienne où l’on trouve également des « chariots de costière » destinés à supporter les fondations d’un décor.
Équipe
Pas question de sport, uniquement de fils ici. L’équipe désigne l’ensemble des fils de commandes situés à cour et à jardin. Fonctionnant sous un système de traction, les guindes sont reliées aux porteuses et coulissent sur des poulies. Le poids des perches s’équilibre avec plusieurs contrepoids en fonte (aussi appelés les pains) qui sont placés sur des chariots coulissant dans de long conduits (les cheminées). Le principe ressemble aux machines à traction d’une salle de sport où l’on charge des poids sur un rail.
Si pendant un temps le contrôle de ce système était surtout manuel et fonctionnait principalement à l’huile de coude, il est désormais informatisé. Aujourd’hui, la majorité des systèmes fonctionnent avec un moteur électrique ou hydraulique, et la disposition en contrebalancer tend à disparaitre.
Fiche technique et Conduite
Réalisée par le régisseur, la fiche technique liste tout le matériel scénique nécessaire à la représentation. Elle est ensuite transmise au théâtre qui se charge des préparations.
Quant à la conduite, elle s’écrit selon la mise en scène. C’est un document comprenant l’ensemble des indications scéniques liées au déroulement du spectacle. Il existe plusieurs conduites selon le type de régie : son, lumière ou plateau. Voici par exemple une présentation simple d’une conduite plateau :
N°Effet | Top | Accessoire | Cintres | Plateau | Notes |
---|---|---|---|---|---|
6 | Porte | Mise en place chaises et table aux repères – lointain cour. | Charger perche 28 | Mise en place chariot arbre aux repères – lointain cour. | Il entre. |
Le Gaff
L’allié numéro 1 du régisseur. Et quand le gaffer est tout petit, il change de nom et devient le barnier.
Guinde / Ganse / Fil / Bout
Mots utilisés en lieu et place de « corde ». Comme dans la marine, ce mot est totalement proscrit du langage théâtral puisqu’historiquement sur un navire la corde faisait référence au pendu. Les premiers machinistes de théâtre étant d’anciens marins, par superstition l’usage est resté.
Gril
Surface métallique et quadrillée où sont positionné les poulies et câbles supportant les perches.
Pendrillon et Frise
Les pendrillons sont les rideaux situés à cour et à jardin, placés les uns derrière les autres. Souvent en velours noir, le bas peut être lesté pour le tendre. La frise, généralement une toile noire ou potentiellement un élément de scénographie, est une bande recouvrant le haut de la scène dont la fonction première est de cacher le gril ou le haut des décors. Combinés ensemble, ils peuvent modifier la largeur, hauteur, et profondeur d’un plateau.
Plan de feu
Document indiquant la position, l’orientation et le type de projecteurs d’une salle de théâtre. Il est habituellement utilisé par les techniciens pour le montage du matériel. La jauge de la salle peut aussi y être indiquée, c’est à dire sa capacité d’accueil en nombre de spectateurs.
Porteuses / Perches
Situées dans le haut de la scène à l’abri des regards publics, les perches (ou porteuses) sont des tubes métalliques (traditionnellement en bois) destinés à supporter des éléments de décors ou de matériel (son, vidéo, lumière). Elles sont suspendues par des câbles qui permettent de les déplacer. Ainsi, on « charge » lorsque l’on fait descendre une porteuse, et au contraire on « appuie » pour indiquer une montée.
Projecteurs
Nombreux sont les types de projecteurs présents au théâtre ! Tous ont des particularités différentes selon leur puissance, leur optique, la tension de lampe, etc.. Ils sont placés à différentes échelles, en haut, à hauteur d’homme, ou rasant (c’est-à-dire posé sur le sol). Mobiles, ils se positionnent à différents endroits sur la scène :
- Éclairages à la face : l’ensemble des lumières qui éclairent le plateau depuis la salle.
- Éclairages en contre-jour : lumière venant du fond vers l’avant-scène.
- Éclairages en contre-plongée : lumière éclairant du bas vers le haut.
- Éclairages latéraux : lumières situées à cour ou à jardin.
Chaque emplacement porte une fonction différente. Par exemple, la source principale de lumière est généralement située en haut. La poursuite est utilisée pour suivre un ou plusieurs artistes en mouvement, tandis que la douche produit un halo venu du haut. Si l’on souhaite éteindre tous les projecteurs, on demande alors un « noir plateau » ou un « noir lumière ». Et lorsque toutes les lumières du théâtre sont éteintes, une seule encore présente éclaire faiblement le plateau, c’est la servante (ou sentinelle), une lampe mobile posée sur la scène.
L’ordinateur des commandes lumières est appelé le jeu d’Orgue, rappel historique des premières machineries à gaz utilisées à l’Odéon en 1822. Toutefois, le terme console (ou pupitre) est aujourd’hui majoritaire.
Enfin, lorsque l’on souhaite apporter de la couleur à une lumière, on place des feuilles colorées en plastique transparent devant les projecteurs ; ce sont les gélatines (ou dans leur version abrégée « les gélat' »). Mais si l’on souhaite créer des silhouettes particulières, on utilise des gobos (« goes before optics »), des plaques métalliques où sont dessinés des motifs.
Oui exact ! J’avais découvert ce mot durant mes recherches alors j’ai tenu à le mettre quelque part, mais la servante est plus juste en effet. J’ai annoté :)
Sentinelle : plus couramment on emploi le mot servante pour désigner la lumière jamais éteinte (par respect-oupeur?- des fantômes du théâtre